Esquisse #2 – Anna-Fatima

Anna-Fatima est un solo. Ce solo, c’est une femme qui raconte des histoires. Elle parle pour se souvenir de choses qu’elle n’a pas vécues. Elle parle aussi, parce qu’elle a envie de se raconter pour ne pas imploser, exploser. C’est une femme qui est née dans un pays qu’elle ne connait pas et qui la poursuit. Ce pays, c’est l’Algérie.

Anna-Fatima ne ressemble pas à une arabe mais plutôt à une européenne de type caucasien. Anna-Fatima ne croit pas en Dieu, mais pourtant elle est musulmane.

Anna-Fatima s’est parfaitement intégrée à une France qui l’a accueillie, parce que c’est une question de survie. Anna-Fatima fait tout bien comme il faut, pour accéder à un statut social convenable et qui lui permet d’avoir une place dans la société française.

Anna-Fatima veut travailler dans un secteur qui est reconnu, et gagner de l’argent (suffisamment pour être indépendante et libre). Elle veut aimer des français (blonds ou bruns avec le teint clair). Elle écoute du rock avec ses amis, mais elle écrit des chansons de rap seule dans sa chambre. Plus elle a grandi et vieilli, plus ses cheveux sont devenus raides, sa démarche est moins voutée, et mieux elle se sent dans la vie qu’elle mène.

Un jour, elle est allée en Algérie, voir sa mère. Sa mère n’a pas pu s’occuper d’elle. Elles ne se connaissent pas, ne se ressemblent pas. Pourtant, tout est là, la chaleur de la terre, l’aridité et la beauté de l’Algérie, l’amour inconditionnel d’une mère pour sa fille.