Logo etincelle

ESQUISSE #5

Inconsolables, Groupe Chiendent

Vous pensiez aller au théâtre et à peine arrivés qu’une fête a déjà commencé. (Ça tombe bien, vous êtes partis du travail à toute allure et n’avez pas eu le temps de croquer un petit sandwich sur la route). Alors vous profitez pleinement de ce qui vous est offert : saucisses, mousseux. Les hôtes, un homme et une femme, un couple visiblement, vous accueillent, trinquent à votre santé, et se succèdent en prises de paroles ambiguës. Qu’est-ce qu’on fête exactement ? L’amour vraisemblablement, et avec des mots bourrés de sucre. La complaisance dans l’exhibition est totale : l’homme et la femme se répandent et nous invitent à croquer un bout de leur intimité. Au point qu’on ne sait plus très bien ce qui relève du vrai et du faux. L’illusion est parfaite. Le théâtre nous surprend à l’endroit où il arrive encore à nous faire croire en quelque chose, et la vérité se cache là où on ne la soupçonne pas. Les toiles abrasives et les circuits électro accompagnent les oreilles des convives dans cette chasse enivrante de consolation, et derrière la fête d’amour résonne l’écho lointain du vide. Au fur et à mesure que la fête se désosse, l’Homme et la Femme viennent, comme deux solitudes, se dresser face au reste du Monde et exprimer leur besoin de consolation impossible à rassasier.